Pour beaucoup d’entre vous, le début du mois de septembre rime avec rentrée. Je vous vois déjà lever les yeux au ciel en lisant cette phrase d’accroche. Je vous l’accorde : on peut faire mieux en termes de rimes et d’introductions. Puis je vous demander alors un peu de tolérance les amis ? J’effectue également ma rentrée même si je dois avouer à demi-mot que mes publications d’articles sur le site ne sont pas prolifiques cette année. Néanmoins, je tente de me rattraper en vous proposant une nouvelle infiltration. Laissez-vous porter quelques instants, je vous invite à pénétrer et à découvrir les photographies d’un cinéma abandonné, un écrin cinématographique préservé et oublié par les spectateurs depuis de nombreuses années. J’ai nommé le cinéma Majestic.
Retour en février 2016.
L’hiver bat son plein en Normandie. J’ai envie de dépaysement et d’évasion. A l’époque, j’échange beaucoup avec une photographe catalane qui, comme moi, explore et immortalise de magnifiques lieux désuets de vie. Je profite d’avoir quelques jours de congés à solder pour partir une semaine dans le sud de la France et programmer deux jours d’exploration avec son équipe. Le deal est simple : on explore une journée en Espagne et une autre en France. J’amène les lieux français et elle contribue en me proposant des lieux espagnols. Je commence alors un travail de fond pour trouver des bâtisses à explorer dans le sud de la France.
En effet, j’ai quelques semaines pour éplucher la presse régionale, faire du repérage via satellite et trouver des lieux abandonnés. J’active également quelques contacts qui vivent sur place pour m’appuyer dans ma démarche. Fort heureusement, j’ai déjà exploré plusieurs fois dans le sud de la France et j’ai des localisations accessibles avec un intérêt photographique dont un ancien pensionnat catholique (cf Le Pensionnat aux Lierres).
Le réveil sonne en pleine nuit.
Le soleil n’est pas encore levé que je franchis la frontière espagnole en direction de la Catalogne. Je suis motivé car je sais que je vais surement pouvoir réaliser des photographies d’un cinéma abandonné. Infiltrer un cinéma oublié est rare et sort de l’ordinaire. Je rejoins mes deux coéquipiers de la journée et nous commençons par visiter quelques lieux tout en faisant connaissance. L’arrière-pays catalan tranche avec le bord de mer. Certains villages sont complètement désuets de vie. C’est d’ailleurs dans l’un d’entre eux que nous nous arrêtons pour finir cette journée d’exploration.
Il est 17h00 et le soleil se couche paisiblement derrière la colline surplombant le village. La nuit tombe peu à peu et nous trouvons enfin une place de stationnement dans ce petit bourg. Les ruelles sont étroites, beaucoup de maisons sont fermées. Sont-elles abandonnées ? Les habitants sont-ils calfeutrés à l’intérieur ? Ces questions restent sans réponse.
Une grande partie du village semble être tombée dans l’oubli. Cependant, ce soir-là, lorsque je regarde le nombre de voitures garées sur la place centrale, l’ambiance est contradictoire. Au loin, je perçois des bruits de fête et croit entendre une fanfare. Il semble y avoir de l’activité dans une des rues principales. Je n’ai pas le temps de m’attarder davantage qu’on me demande alors de patienter dans une arrière-cour.
Quelques minutes plus tard, le cinéma Majestic s’offre enfin à nous.
J’entre par une porte de service et m’enfonce dans les coursives. En déambulant dans le couloir, je constate tout de suite que l’électricité est en état de fonctionnement. En effet, il suffit d’enclencher le disjoncteur pour alimenter le bâtiment. J’active le levier vers le haut et les néons de la salle s’allume petit à petit. Je découvre alors une grande salle de cinéma, plutôt encore en bon état, restée dans son jus depuis des années.
J’arpente les allées de strapontin et j’entends de plus en plus les bruits de fanfare se rapprocher. Je jette un coup d’œil par la fenêtre et constate que la ville est en plein carnaval. Les grosses caisses et les cymbales jouent un rythme dansant. Les habitants, tous déguisés, font la fête en paradant dans la rue avec de grandes torches enflammées. Je reste ainsi pendant de longues minutes, accoudé à la fenêtre, à plus de dix mètres de haut, à observer ce spectacle. Mes binômes m’expliquent alors que c’est le carnaval du village, la fête annuelle. Quelle chance de participer à cet instant, perché sur les toits de la ville. Ils ajoutent également que cette infiltration est légale puisqu’ils disposent de la clé pour entrer. Je comprends mieux leurs attitudes détendues.
La nuit devient noire. Au loin, j’entends encore les festivités et distingue les lueurs des flambeaux des participants. C’est le moment de sortir mon matériel pour immortaliser cette magnifique salle abandonnée du Majestic. Avant de partir, je m’échappe dans le local technique pour découvrir les machines de projection. Quelques bobines jonchent le sol. Après deux heures de prises de vue, il est temps pour moi de reprendre la route et de rentrer. Vous trouverez également ces photographies de ce cinéma abandonné sur mon profil Instagram et Facebook.
Comme à chaque fois, on a l’impression d’être du voyage, et pour le coup j’aurai vraiment aimé, la Catalogne, région que je n’ai pas encore pu visiter, et région d’origine de mon grand père… peut-être des rues, des lieux qu’il a arpenté enfant …
Merci pour cette visite, encore un endroit incroyable
Merci beaucoup pour ce très gentil message. Je suis content avoir pu te faire visiter un morceau de Catalogne en espérant que tu puisses bientôt t’y rendre.
Très bel article.
Photos magiques.
Un voyage avec vous le temps d’un instant.
Merci à vous.
Content que cette exploration t’ait plu. A très vite pour une nouvelle !
Encore un beau travail …Les photos comme le texte, on s’y croirait !!
Merci beaucoup Karelle ! Une satisfaction de lire ceci ! A très vite pour un nouveau voyage !
Dommage que tu ne puisses nous transmettre tout ce que tes sens nous transmettent dans tes photos. J aurais aimé sentir l’odeur de la salle et pouvoir toucher le tissu des fauteuils etc..toutefois ton résumé nous délivre bien tes sensations.
Content que mon résumé et que mes clichés arrivent à t’évader. Parfois, l’odeur est irrespirable et il est mieux d’admirer le cliché que de le prendre 🙂