Pour cette nouvelle aventure, je vous invite à voyager en Belgique, dans l’agglomération de Charleroi. Ce mois-ci, partons explorer un ancien lieu de culte de la région wallonne : l’église Sainte-Marie de Lodelinsart. Abandonné depuis dix ans, vous verrez à travers ce récit que malgré un suspens de plusieurs années, l’édifice était voué à disparaître.
Mieux connue sous le nom de Sainte-Marie, vierge Marie, patronne du lieu, c’est au printemps 2017 que je pars immortaliser l’église Sainte-Vierge. Bâtie dans le style néogothique en 1876, elle fut construite sur l’emplacement de l’ancienne église du village, détruite jadis pour sa dangerosité. Ce lieu de culte accueillait chaque dimanche, les paroissiens de la commune pour la traditionnelle messe dominicale.
Arrivée sur place.
Lorsque j’arrive à Lodelinsart en ce dimanche de juin, tout semble à l’arrêt. En effet, c’est l’heure du déjeuner et la ville est fantôme, désertée de ses habitants. Sur la place centrale, l’église imposante se dresse devant moi. Je n’ai aucun doute sur son état d’abandon lorsqu’en levant les yeux, j’aperçois des branches d’arbres, sortir de la façade en briques du clocher. Ce monument n’est plus entretenu depuis longtemps.
Le lieu de culte est fermé au public depuis 2012. Il a été mis en sécurité et la commune a installé des barrières à proximité, afin de sécuriser les piétons et les véhicules. Pour les habitants de Lodelinsart, ce ne fut pas une surprise. Il savait que leur église était fragilisée par un affaissement dû à l’inclinaison du terrain. Des fissures sont apparues dans les travées menaçant la stabilité de la structure. Construit probablement sur d’anciennes galeries minières, l’édifice a été négligé par la ville laissant les dommages s’accumuler sans les réparer. Les offices de la commune sont alors délocalisés et se tiennent dans un local de la Poste. L’histoire malheureuse de l’église du 17e siècle semble à nouveau se reproduire.
Un peu d’escalade.
L’accès à l’église Sainte-Marie de Lodelinsart se fait par un portail à l’aspect trompeur. En effet, celui-ci ne semble pas imposant à vue d’œil mais il ne sera pas si simple à franchir. J’en viens à bout, après quelques cascades, ne mettant pas en valeur ma souplesse. Heureusement, mes vêtements en sortent intacts. Il me reste quelques marches à descendre pour m’infiltrer dans l’enceinte du bâtiment, un jeu d’enfants ! D’extérieur, l’architecture de l’église est impressionnante. Elle l’est tout autant de l’intérieur. Je fais quelques pas et j’aperçois une silhouette, bouger à quelques mètres de moi. Il s’agit de deux photographes autant surpris de me voir. Nous restons figés pendant plusieurs secondes puis nous échangeons rapidement. Dans un accent flamand, ils m’indiquent qu’ils ont fini leurs clichés et qu’ils s’en vont.
Je fais alors un rapide tour du bâtiment afin de me familiariser avec le lieu. L’ambiance dans ces lieux religieux abandonnés est toujours spéciale. L’église Sainte-Marie est magnifique. Dressée sur d’immenses arches, les murs blancs tranchent avec la moquette bleue et rouge qui ornent le sol. Les vitraux multicolores en forme de rectangle laissent entrer d’un côté la lumière. De l’autre, je perçois la végétation qui envahi peu à peu la façade. Le toit s’est en partie écroulé laissant des déchets de charpentes et de plâtres au sol.
Vouée à disparaître.
Deux ans après ma visite, en 2019, les élus locaux décident de lancer la démolition du lieu de culte. Aucuns travaux ne pourront le sauver, ils actent alors que l’édifice est irrécupérable et destiné à s’effondrer un jour ou l’autre. Une rénovation n’est pas envisagée, trop couteuse pour le budget de la commune. C’est pourquoi, ils décident de récupérer les cloches et les vitraux, puis de lancer la démolition en commençant par le clocher jugé comme danger imminent par rapport à la voie publique. En novembre 2019, les premiers coups de pelleteuse sont donnés.
Cependant, quelques jours plus tard, un nouveau coup de théâtre s’abat sur la commune de Lodelinsart. La destruction de l’église est stoppée. Un haut fonctionnaire de la région appuyé d’un juge d’instruction, décide de poser des scellés et ordonne d’arrêter les travaux de démolition. En effet, celui-ci a constaté que la ville a démarré les travaux sans avoir en sa possession, un permis de démolition.
Ouverte aux quatre vents, démunie de son clocher, à moitié démolie, le chantier de l’église Sainte-Marie de Lodelinsart va rester bloqué pendant trois ans. Cette saga rocambolesque va s’arrêter à l’automne 2022 lorsque la ville, enfin munie du permis de démolition, ordonne de reprendre les travaux pour finir de raser le bâtiment. Le site, non désacralisé, sera transformé en un parc et un jardin dédié à la mémoire. Il reste donc ces quelques photographies témoignant le vestige de ce patrimoine religieux.
Beau reportage, merci de m’avoir fait découvrir ce lieu qui n’est plus.
Content que cette exploration et cette visite vous ait plu Véronique.