Pour ce nouvel article, je vous invite à me suivre à travers une exploration d’un manoir abandonné effectuée cette année : la villa Agatha. Par une matinée hivernale, je gare ma voiture à plusieurs centaines de mètres de la bâtisse et rejoint Paul, mon binôme du jour. Dehors, il ne fait pas chaud. La température avoisine le zéro degré. Je suis congelé et j’arrive à peine à me réchauffer. Vous devez tout de même connaître le contexte. Il y a encore quatre jours, j’étais en voyage en train de profiter des merveilleuses plages du Costa Rica. Autant vous dire que le choc thermique est énorme. Je me remets à peine du décalage horaire mais l’occasion était trop belle qu’il n’a pas fallu longtemps pour me motiver.
Être discret : un des mots d’ordre de l’exploration
Lors de mon voyage, j’avais vu passer ce manoir en photographies sur de nombreux comptes d’explorateurs sur internet. Même à l’autre bout du monde, j’ai tout de suite compris que c’était le manoir abandonné prisé, le spot « à la mode » convoité par la communauté urbex.
C’est pourquoi nous nous sommes levés aux aurores et avons décidé d’être sur place avant le lever du soleil. Je craignais que d’autres personnes explorent la villa Agatha en même temps que nous. Cette situation se produit de plus en plus et je ne suis pas à l’aise avec celle-ci. J’ai du mal à m’imprégner des lieux lorsque d’autres personnes sont dedans. J’aime le calme, pouvoir me déplacer sans que personne soit dans une pièce et être à l’aise pour réaliser les clichés que je souhaite. En effet, par exemple, le fait de savoir qu’un autre photographe attende que je libère la pièce pour réaliser ses photographies, me déstabilise. J’ai tendance à bâcler mes cadrages et à me précipiter sur mes réglages.
De plus, côté discrétion, ce n’est pas optimal. Imaginez-vous, être prudent pour infiltrer une demeure, chuchoter à l’intérieur, être vigilant de ne pas stagner devant les fenêtres. Puis, d’un coup, un groupe de quatre personnes entre, en escaladant le portail de l’entrée, face aux voisins, en parlant fort. Rien de tel pour susciter l’intérêt du voisinage et se faire repérer. Cependant, si le propriétaire ou la gendarmerie intervient, l’aventure s’arrêtera pour tous.
Les premières lueurs du jour
Les véhicules garés à bonne distance, nous descendons l’avenue qui nous amène devant la villa Agatha. Je ne vous cache pas qu’infiltrer un manoir abandonné en plein centre-ville donne toujours un coup d’adrénaline. Je tourne la poignée du portail et, comme par magie, celui-ci s’ouvre sans effort. Sur la façade, face à la rue, une fenêtre est grande ouverte. Il nous faudra quelques secondes pour la franchir puis la refermer avant d’être à l’intérieur à l’abri des regards.
Le soleil se lève à peine et ses premiers rayons viennent transpercer les fenêtres du rez-de-chaussée. L’endroit s’illumine peu à peu. A l’intérieur, la température n’est guère plus élevée qu’à l’extérieur. Les teintes orangées et jaunâtres commencent à colorer les murs du hall. Je trouve d’ailleurs cette pièce magnifique. Le carrelage en symétrie noir et blanc et l’escalier en spirale y sont pour beaucoup. Sans compter sur les murs en marbre, verts et jaunes ornés de moulures. En inspectant de plus près, je constate que ce n’est pas réellement du marbre mais une imitation avec du bois peint. Ce n’est pas la première fois que je remarque ce subterfuge utilisé pour donner plus de cachets à son intérieur.
Ce manoir abandonné est vide. A part quelques effets personnels, il n’y a pratiquement plus de meubles. Dans une chambre, traine une pile de vieux journaux, dans l’autre, une table à repasser. Au sol, quelques effets personnels, des factures et une photographie avec surement l’ancien propriétaire. En tout cas, ce monsieur d’une soixantaine d’années pose dans le hall de la villa Agatha. Qui était-il ? L’ancien propriétaire ? Le manoir est-il à lui ? Est-ce le locataire ? Qu’est-il devenu ? Comme pour la plupart des visites de lieux résidentiels, ces questions restent sans réponse et épaississent le mystère.
Avoir une idée en tête
Dès mon arrivée, la pièce principale en arrondie m’inspire. La lumière rasante met en valeur le rouge décrépi des murs. J’arrive déjà à me projeter et à imaginer la photographie que je souhaite obtenir. Néanmoins, l’imposant échafaudage et les étais gâchent la prise de vue. Je dois trouver une solution et j’en vois deux qui s’offrent alors à moi. La première est de tout démonter, d’immortaliser la pièce puis de tout remettre à sa place. La seconde est de capturer la scène sans ne rien enlever et de voir ce qui peut être supprimé en post traitement. Je vous laisse découvrir le cliché final, juste ci-dessous. Selon vous, quelle solution ai-je choisie ?
N’hésitez pas à me donner votre réponse en commentaire ou à venir échanger sur mon compte Instagram à ce sujet. Je vous montrerai l’envers du décor et vous confierez toute la vérité sur cette photo.
Comment est-ce possible de laisser un tel joyau à l’abandon….? Merveilleuses photo
Malheureusement, notre patrimoine est honteusement oublié, on préfère raser des manoirs pour reconstruire des petits immeubles sans âme pour loger de plus en plus de monde en périphérie des villes. Merci pour le compliment en tout cas, Sylvie.
Bonjour 🙂
Trop dangereux d’ôter les étais… je vote pour la seconde solution 😉
Un lieu vraiment magnifique et beaucoup d’émotion à travers ces superbes photos. Perso je serai longuement restée dans la pièce « verte » avec les peintures de plantes. Les livres et les portraits (trouvés sur place je suppose ?) lui confère une âme encore plus forte… la sensation que le dernier habitant des lieux s’y trouve encore…
Merci pour cette visite.
Bien évidemment, tous les objets sont trouvés sur place et non amenés lors de mes explorations. Je n’amène rien et je ne ramène rien. C’est une des bases que je me suis définie. Merci à vous d’avoir apprécié cette visite.
Lumière,couleurs…magnifiques photos d’un lieu qui ne nous laisse pas indifférent , ce lieu a eu une âme…comme cela a été dit précédemment je ne comprends pas qu’un tel soit à l’abandon ..
Arriver dans un manoir à l’aube avec un soleil rasant, ce n’est pas facile à immortaliser mais la lumière est fabuleuse.
Très belles images de cette vieille demeure abandonnée qui pour le moment n’a été détériorée que par le temps…
Merci aussi pour tes écrits qui nous font partager ta découverte des lieux. Véronique
Mille mercis pour ce très gentil commentaire Véronique. Content que mes récits d’exploration vous plaise. J’en prépare pleins de nouveaux pour 2022, c’est promis 🙂
Ces photos sont magnifiques. Elles mettent en valeur ce lieu malheureusement abandonné.
Bravo
Merci beaucoup Sophie ! Content que cette exploration t’ait plu !
Je ne me lasse pas de contempler vos photos . Je suis très admiratif