Rien de tel que de commencer un dimanche matin par une jolie friche industrielle. C’est la pensée qui me traverse l’esprit en cette matinée printanière alors que la voiture se rapproche du parking de cette usine abandonnée de Belgique. Je suis à plusieurs centaines de kilomètres de mon domicile. Toujours dépaysant ces sorties à explorer dans un autre pays ! Ce week-end, je suis parti avec mes amis proches pour leur faire découvrir la pratique de l’urbex. Vaste programme en perspective !
C’est le second jour de notre périple.
Je ne peux pas dire que le premier fut une grande réussite. En effet, la veille, nous avons essuyé pratiquement que des échecs. Sans compter, cette course poursuite épique dans les bois de la campagne ardennaise, par deux paysans à coup de fusil de paintball. Je dois avouer que ces deux lascars nous ont bien refroidi. Pas de blessés, juste une grosse frayeur et une anecdote de plus à raconter. Néanmoins, la frustration de ne pas avoir pu découvrir ce cimetière de véhicules abandonnés est toujours présente, même quelques années plus tard.
Il faut savoir parfois passer à autre chose et tourner la page. Un bon repas au restaurant, une ballade dans la ville de Liège, quelques bières, une courte nuit de sommeil et c’est reparti. Ce matin, le programme est de visiter cette ancienne usine abandonnée de Belgique.
Découverte de l’Usine A
Crée en 1901 comme on peut le lire sur le fronton de l’usine, ce fleuron de la sidérurgie wallonne n’a pas réussi à survivre à la désindustrialisation de l’Europe de l’Ouest. Ces grands groupes de la métallurgie ont du faire face à des concurrents d’Europe de l’Est ou d’Asie, plus compétitifs. Ces derniers sont capables de réaliser un travail avec une qualité quasi identique à des prix nettement inférieurs. C’est le drame de ce bassin industriel belge qui voit année après année les industries quitter le pays. D’ailleurs, cette situation est similaire à ce que vivent certaines régions françaises depuis plusieurs décennies.
L’activité de l’Usine A consistait à la fabrication de cylindres de laminoirs. Ces cylindres pouvaient atteindre un diamètre allant jusqu’à un mètre et permettaient ensuite d’amincir le métal en plaques ou en feuilles . La production se rapprochait des 7000 tonnes par an. En 2004, un plan social avait déjà eu lieu comprenant le licenciement d’une très large partie des ouvriers. Les travailleurs avaient accepté d’augmenter le rythme de production pour tenter de rester concurrentiels sur le marché. Puis en 2010, le dernier noyau d’ouvriers est à son tour licencié laissant le site à l’abandon. Depuis, la friche est vidée même si les bâtiments restent encore debout.
L’entrée sur le site se fait sans encombre.
Nous pénétrons rapidement dans l’enceinte du premier bâtiment. Je sais que je me répète mais la découverte d’une friche industrielle est toujours marquante par son ampleur. Cette sensation se renouvelle à chaque nouvelle visite. Je me sens toujours petit et impressionné par ces monstres de briques et d’acier. Je traverse cette immense verrière qui accueillait les cylindres. Puis plus haut, c’est l’outil de production. Beaucoup de machines ont été démontées mais quelques fours sont encore présents. Au détour d’un escalier rouillé, je tombe sur une petit local sombre qui renferme la salle de contrôle principale.
Ensuite, je m’attarde dans les vestiaires de cette usine abandonnée ou l’atmosphère est assez pesante. On imagine les tranches de vie entre les ouvriers à l’embauche et à la débauche. Sur certains casiers, j’arrive à déchiffrer quelques inscriptions. A l’intérieur, on peut apercevoir certains souvenirs d’une vie de travail rompue subitement. Que sont devenus ces hommes travaillant l’acier? Quel avenir pour ces familles ouvrières qui se retrouvent sans revenu du jour au lendemain? Des questions auxquelles je n’ai malheureusement aucune réponse…